Lana Sciences
Age : 27 Messages : 228 Date d'inscription : 31/08/2011
| Sujet: Villub 8/9/2011, 10:23 | |
| Je ne sais pas si on peut dédier un texte aux fans d'un autre auteur dont on fait soi-même partie. Mais ceux qui le connaisse me comprendront. Et pour les autres, puisque certains poèmes ne sont fait que pour être écrits et non énoncés : Lutte pour oublier en se souvenant Souvenirs douloureux qui guettent Deuil. Prologue - Spoiler:
Le soleil se lève, teintant un ciel sans nuages d'écarlate. Signe d'un jour nouveau, d'un cycle qui s'accomplit sans cesse depuis la nuit des temps. Meurtrier. Il darde ses rayons sur une plaine calcinée où plus rien ne pousse depuis trop longtemps. Et au beau milieu trône la villub 37-4-8. Une ville protégée par une bulle faite de panneaux réfléchissants et solaires. Numéro 37, catégorie 4, 8 millions d'habitants. Seul signe de vie à des kilomètres à la ronde, exception faite du tube qui en sort pour filer vers une destination quelconque. Et du village. Qui n'a pas de nom. Inutile de nommer un endroit où personne ne va. Où l'espérance de vie ne dépasse pas vingt ans pour les plus chanceux. Où seuls les bannis, les fous, les meurtriers et les inconscients vivent encore. Il constitue plus en un amas de maisons adossées à la villub qu'à un réel village. Malgré l'heure tardive, quelques silhouettes sont encore dehors. Vêtues à l'image des cosmonautes d'autrefois, elles avancent d'une démarche pesante vers leurs domiciles. Les rayons savent qu'ils n'ont aucune chance avec elles, ils la tentent donc vers les habitations. Ils s'aventurent sur la façade noire d'une maison. Cherche une ouverture improbable. Les fenêtres sous lesquelles on plantait des fleurs sont maintenant remplacées par des plaques d'un métal si noir qu'il semble absorber toute forme d'énergie. Elles ont remplacé les petits rideaux de dentelle blanche. Vaincu, le rai de soleil se retire. Mais ils repartent à l'assaut, de plus en plus nombreux dans toute la région. Partout, ils ne trouvent que fenêtres fermée ou combinaisons réfléchissantes. Non, pas partout. Presque. Sur une petite maison un peu à l'écart des autres, une plaque de ce métal noir est descellée. Un trait de lumière en profite pour se glisser à l'intérieur d'une chambre tranquille. Il vient se poser sur un visage, l'éclairant doucement. Une alarme s'enclenche. Des sirènes stridentes retentissent, dans toute la maison, des faisceaux de lumière rouge balaient le sol. Malgré tout ce vacarme, la jeune femme ne se réveille pas. Ne se réveillera plus. Jamais. Le visage brulé au troisième degré, elle est morte. Mais sous son ventre bondé, une petite créature s'agite. Étincelle de vie dans un monde ravagé. Espoir.
chapitre I - Spoiler:
Dans la maison, les portes claquent, ma sœur hurle et ma mère, à bout de nerfs, la menace de plein de choses horribles qu'elle ne mettra jamais à exécution. Moi je me terre. Les genoux remontés contre la poitrine, je pleure en silence en priant pour que tout cela cesse. J'aime ma sœur même si elle ne l'est que parce que nous sommes placées dans la même famille d'accueil. Même si je ne suis pas censée savoir que la femme dans la pièce d'à côté n'est pas ma mère. Même si je suis censée penser que la jeune fille dont les hurlements me déchirent les tympans est ma sœur de sang malgré nos différences flagrantes. La sonnette tinte. L'homme qui devrait me servir de père arrive. Le silence se fait immédiatement. Ma mère va lui ouvrir, un sourire crispé aux lèvres. Ma sœur se replie dans sa chambre pour aller hurler sa rage aux murs. Et je sèche mes larmes en vitesse, prenant ma plaque de loisir. Alors qu'il entre dans ma chambre pour voir si tout va bien, je fais comme si j'étais passionnée par ce gadget électronique. Il ressort en marmonnant quelque chose à propos de l'addiction des jeunes. Puis il entre dans la chambre voisine. Celle de ma sœur. Aux bruits étouffés que j'entends, il est furieux. Je tends l'oreille pour tenter d'en savoir plus. Mais ma mère arrive et me dit qu'il faut que je dorme et que je n'ai aucun souci à me faire. Je vais donc me coucher. Je ne prends même pas la peine de me changer. Je m'allonge sur le matelas de sommeil. Une sorte de bulle de lumière rose m'entoure. Je n'entends plus rien d'autre que le bruit sensé être rassurant qui émane de la tête de mon lit, porteur d'ondes apaisantes. Mais il me tend. Je n'arrive plus à penser à autre chose qu'à ce battement de cœur hypnotique. Et les ondes ne m'atteignent pas. Je sais qu'elles existent uniquement parce que les filles que je considère comme des amies en parlent comme d'un miracle. Mais ce ne sont pas mes amies. Ce ne sont que des moutons, des marionnettes qui se font avoir sur toute la ligne. Les ondes ne sont pas apaisantes. Elles sont traitresses. J'ai déjà remarqué qu'après une nuit de Sommeil, les gens semblaient changés. Certains événements de la veille avaient changés, d'autres, fabriqués de toute pièce, les avaient remplacés. Fabriqués, oui, mais par qui ? Le jour où je m'étais posé cette question, la réponse s'était imposée d'elle -même. Les Autres. Pâ, le Protecteur, mon "père". Jilla la Sage, Homel le brave et Saya la Juste. Quatre noms qui n'ont de valeur que parce que tout le monde les connait, tout le monde les respecte et tout le monde les craint au fond de lui, sans même savoir pour quoi. Mais moi je sais. Les ondes ne fonctionnent pas sur moi. Ça avait faillit me rendre folle, j'en avais fait une force. Je finis quand même par fermer les yeux et m'endormir, après une dure bataille contre rien puisque la lumière me fournit la chaleur dont j'ai besoin. Lorsque je me fais réveiller par la douce musique qui sort du petit haut-parleur, je suis une fois de plus roulée en boule près de la paroi chaude que fournit la lumière. Mais elle s'éteint en même temps que le champ de force et la musique et je finis par terre. Je sais que je ne trouverai plus ma sœur adoptive à la table du petit déjeuner. Mon père est très à cheval sur le règlement et ne tolère aucun écart. Il l'a donc envoyée à l'asile. À la mort. Elle restera deux semaines dans un semblant d'hôpital puis on la transférera à l'Extérieur. Le soleil la brulera en moins d'un mois. Mais je m'en fichai. Dès cet après-midi, une autre la remplacera. Une autre orpheline que je devrai aussi appeler Adriane. Je devrai faire comme si elle était l'Adriane avec laquelle je vivais depuis deux mois. Et ça ne serait pas difficile puisque mes souvenirs seront "effacés". Il faut quand même que je sorte de ma chambre. Prenant mon courage à deux mains, j'enfile une combinaison moulante verte pale et je sors, un sourire artificiel sur les lèvres. Mon père est déjà partit. Ma mère est attablée, un cube violet devant elle. Yaourt aux myrtilles. Je m'assieds à côté d'elle. Je l'embrasse d'un air joyeux et elle me rends la pareille. Elle m'explique du ton plat que tout le monde emploie toujours : - Ta sœur est déjà partie en classe, elle avait envie d'être en avance. Tu la verras ce soir, d'accord ma chérie ? Je hoche la tête, incapable de répondre. Je saisis un cube au hasard. Blanc. Un verre de lait. J'en croque une morce sans grand intérêt. Je redresse la tête alors que je sens le regard de ma mère posé sur moi. Elle me dévisage. Je hausse un sourcil interrogateur et elle me répond par un sourire que je devine forcé avant de se plonger dans la contemplation de son cube. Je me demande brièvement ce qu'une femme comme elle fait avec Pâ. Puis je me dis qu'il doit montrer l'exemple. Une femme joyeuse, deux enfants en bonne santé. Mais sa femme n'est pas heureuse, je ne suis pas sa fille et le fait que les autres le croient me procure une célébrité dont je me serais passée sans problème. Je me lève brusquement, lance le cube à moitié entamé dans l'enclave de recyclage. Ma chaise racle le sol dans un bruit qui fait sursauter ma mère. Un bref instant, elle daigne lever les yeux de son cube. Puis elle baisse à nouveau la tête. Cette image m'est insupportable et je sors en vitesse, attrapant au passage ma plaque d'étude. La porte d'entrée se referme avec un bruit feutré. Je voudrais courir, hurler, faire sortir ces gens de leur torpeur et leur artificialité. Mais ça m'est impossible, alors je me contente de baisser la tête et de prendre l'air humble qui tout le monde affiche.
Chapitre deux : - Spoiler:
Je ne me rappelle pas de ma journée, ni comment je suis rentrée, ni de quelle couleur était le cube que je viens d'ingérer. Tout ce que je sais c'est que j'ai mal. Le masque que je m'efforce de faire tenir à longueur de journée commence à s'effilocher. Je n'en peux plus de mentir à tout bout de champs, de cacher des émotions que je suis la seule à seule à ressentir. La nouvelle Adriane est une fille. Et il m'est extrêmement difficile de faire comme si elle est toujours la même. Ma mère a adopté immédiatement sa fille, falsifiant des souvenirs communs. Ou plutôt, ma mouton de mère s'est contentée de faire ce qu'on lui avait ordonné de faire durant son sommeil. À sa décharge, elle n'a pas le choix et des milliers d'individus sont comme elle. Roulée en boule dans un coin de ma chambre, je presse mes jambes contre mon torse dans l'espoir futile que ça empêchera la douleur d'y entrer. Les tiraillements m'attachent une grimace. Les muscles tendus à la limite de la rupture, je ne vais pas tenir longtemps. Je finis par lâcher prise et me retrouve étendue par terre, secouée par intermitense de convulsions lorsque j'essaye de reprendre mon souffle. Les larmes brouillent ma vision, roulent sur mes joues. Je ne les sens même pas. J'ai froid alors que je me sais brûlante. J'halète, me bats pour retrouver ma respiration. Chaque inspiration me brûle, chaque battement de cœur provoque une vague de souffrance qui manque de me submerger. Je vais finir par sombrer. Mais étonnement, après de longues minutes de souffrance silencieuse, la douleur finit par se dissiper juste assez pour me laisser me réfugier sur ma couchette. La lumière rose m'enveloppe et je sombre immédiatement dans un sommeil sans rêve. • • • Le lendemain, la douleur s'est réduite à un petit quelque chose au creux de mon ventre. Je me lève avec précaution, redoutant une rechute. Supportable. C'est supportable. Je croise les bras contre ma poitrine et sors, après avoir empoigné ma tablette. J'ai fait exprès d'être un peu en retard, de manière à ne croiser personne. Et effectivement, il n'y a personne d'autre que la plaque de communication. Cette dernière me délivre un message de ma mère dès que je pose un pied dans la pièce. *Salut ma chérie, c'est maman. J'espère que...* Je lui coupe la parole en posant ma main dessus. De toute façon, j'ai déjà eu droit à ce message préenregistré plus de fois que je ne pourrai le compter. J'empoche un cube pour plus tard et coure jusqu'à l'étude. Je pose un pied dans le bâtiment lorsque le deuxième gong retentit. Trop tard. Si j'entre maintenant, je vais essuyer un quart d'heures de réprimandes et une bonne centaine de phrases à recopier. Alors que si je n'entre pas... Un frisson me parcourt le dos et je crains un bref instant de subir à nouveau la crise de la veille au soir. Mais c'est plus du contentement que de la douleur. Si je n'entre pas, personne ne se rappellera que je n'étais pas là, puisque tout le monde aura eu droit au "lavage de cerveau" quotidien. Et moi, je serai censée croire que j'étais allée en cours mais que je n'avais pas vraiment participé. Faire l'école buissonnière. Ne pas aller en cours. Je n'avais pas encore songé à cette possibilité. Mais elle était pourtant aussi évidente que le nez au milieu de la figure. J'avais quartier libre jusqu'à ce soir, à l'heure où je rentrai habituellement. Un sourire béat sur le visage à l'idée de la journée qui m'attendait, je refermai la porte de l'étude. • • • Sauf que faire l'école buissonnière rime à quelque chose lorsque vous avez un projet, ou même une simple idée en tête. Et lorsque tout le monde ne vous regarde pas d'un air étrange car ils savent que vous devriez être en cours. Je cherche en vain un endroit où aller, quelque chose d'autre à faire que de simplement me balader sans but précis. C'est alors qu'une image m'apparaît, avec une netteté déconcertante. Adriane. Je vais aller vers l'asile, cette zone que tout le monde évite. Je marche donc d'un pas vif sur le tapis, manquant à plusieurs reprises de renverser un passants. Et m'attirant des regards noirs par la même occasion. Mais je n'y prête pas une once d'attention, mon esprit entier fixé sur le but que je me suis donné. Je suis fébrile à présent que je m'approche de l'endroit où elle est retenue. L'adrénaline coule dans mes veines, me faisant ressentir toute chose avec une étrange acuité. L'asile. Endroit étrange, où les dérangés mentaux sont détenus. Et étrangement, ces dernier ne reçoivent aucune visite. Aucun proche ne va les voir. Aucune ami, aucune famille. Comme si les fous n'existaient pour personne. Mon cœur bat la chamade lorsque j'aperçois enfin le bâtiment. Il est en tout points identiques aux autres, hormis les barreaux aux fenêtre et la porte sans poignée. Ainsi que le vide sur le tapis juste devant. Comme si un champs de force invisible repoussait les passants et les empêchaient de passer juste devant. Et pourtant, rien ne m'empêche de m'approcher de l'immeuble pour en détailler chaque fenêtre. Visages mangés par les médicaments, corps décharnés, blouses blanches. Et longs cheveux noirs. Je l'ai trouvée. Nous ne sommes séparées que de quelques mètres, et pourtant, elle pourrait être sur une autre planète que cela n'y changerait rien. Inaccessible. Les barreaux serrés si fort dans ses mains que je peux voir ses jointures blanchir depuis en bas. La peau si pâle que je discerne les sillons bleus de ses veines. Si maigre que ses os ressortent affreusement. Et elle n'est là-bas que depuis à peine vingt-quatre heures. Cette vision m'est insupportable et je me retourne brusquement. J'aperçois une jambe disparaitre au coin de la rue, comme si quelqu'un m'avait espionné. Mais je m'en fiche. Le visage brouillé de larmes, je me mets à courir. • • • Cette nuit est à l'image de la première, sauf que j'ai un visage à mettre sur ma douleur. Et que celle-ci est d'autant plus forte que j'imagine ce qu'endure Adriane.
Chapitre trois - Spoiler:
Aux cours, personne ne remarque la différence d'Adriane. Mais je ne peux m'empêcher de lancer des coup d'oeil furtifs vers son dos et les boucles brunes qui ont remplacé les longs cheveux noirs. Je m'interdis de penser au visage aperçu la veille. Et étonnamment, je me pose des questions sur le vrai passé de la fille qui remplace ma soeur. Qui était ses parents avant ? Était-elle riche ou pauvre ? Mais le silence qui se déploie soudainement dans la classe me fait comprendre que j'ai manqué quelque chose. Le prof, l'air vaguement énervé, reprend : - Mademoiselle Lana, pouvez-vous répétez ce que je viens de dire ? Je mets quelques instants à réaliser que c'est à moi que s'adresse Tronche de cake. La tête dans les étoiles, je n'ai pas écouté le discours assommant de mon professeur. Une fois de plus. Une fois de trop, apparemment. Désormais, ce dernier me toise derrière ses petites lunettes rondes, sa moustache bien garnie et les deux touffes de poils qui lui tiennent lieu de cheveux. Un ange passe. - Non, monsieur. Quelques rires fusent, vite étouffés par un regard écrasant de Tronche de cake. - Pouvez-vous répétez votre réponse, mademoiselle. Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris. Je répète, sachant tout de fois qu'il a très bien entendu. Il s'approche de moi, faisant claquer les talons de ses petites chaussures lustrées contre le linoléum de la salle de classe. Ça serait presque comique sans le rictus méprisant qui déforme son visage. Quand il arrive à ma hauteur, il prend calmement ma plaque d'étude. Il applique le bracelet qu'il porte au poignet contre la tranche de ma plaque. Je sais exactement ce qu'il va faire. Un bip retentit, un diode s'illumine en rouge sur ma plaque, reflet du rouge qui enflamme mes joues. Tdc me lâche et me la tend. Je suis renvoyée, pour la quatrième fois cette année. Moi qui espérais une journée tranquille, je m'étais trompée. En même temps, demain, tout le monde, sauf moi, aura oublié l'incident et je retournerai en classe. J'attrape ma plaque, la fourre dans la grande poche interieure de ma combinaison. J'aimerai prendre un malin plaisir à claquer la porte en partant mais elle est pneumatique et elle se referme avec un bruit d'air soufflé. Tout compte fait, je suis contente d'échapper aux paroles soporifiques de mes professeurs. Dehors, le ciel est bleu et un soleil simulé tente de le rendre radieux. Je vis à polisphère 3-89-45. Il parait qu'il n'y en a plus que sept. Toutes les autres ont été réduites en cendre. Les modèles ont évolué et celui sous lequel je vis peut simuler un ciel. Mais je rêve de sentir les rayons du soleil caresser ma peau. Je sais que ce serait mortel, mais cette lumière artificiel est fade. Tout le monde a la peau plus banche qu'un cube de lait. J'attrape néanmoins mes cheveux d'une main et offre mon visage à la lumière. Mais aucune chaleur ne vient me réchauffer, aucun frisson délicieux ne me parcourt le dos. Je ne sais pas comment ni pourquoi je sais que le soleil procure ces sensations. Mais je sais que je veux le sentir à nouveau. À nouveau ? Les deux mots que je viens de penser me surprennent. Alors que je suis immobile sur le tapis roulant, je me torture l'esprit pour tenter de retrouver le quand. Mais cela m'est impossible. Je repousse toutes ces pensées interdites. Je laisse mes cheveux roux me retomber sur les épaules et je me mets à avancer d'un pas décidé. Le tapis roulant m'emporte plus loin que prévu et je me retrouve dans un quartier qui m'est totalement inconnu. Mais les bâtiments, hauts et imposants comme partout ailleurs, m'évoquent quelque chose. Je sais pertinemment que je ne suis jamais venu ici, mais quelque chose me souffle le contraire. Je fais un pas de côté pour descendre du tapis roulant et ferme les yeux. Je sens un souvenir qui tente de resurgir. Mais tel une bulle de savon, il éclate lorsqu'un grésillement retentit, faible et pourtant tonitruant dans le silence qui règne. Je rouvre brusquement les yeux, cherche la source du bruit. Mais la rue est vide et les murs exempts de quoi que ce soit. Sauf... Je me dirige vers le tapis roulant, regarde dessus. Un petit boitier noir arrive, pourvu d'un truc qui dépasse et de multiples... boutons. Cela existe encore, les boutons !?! Cette... chose doit dater de mathusalem. Elle crachote à nouveau, puis se met à parler. Mais pas de la voix plate que tous les appareils emploient. Non, on dirait plutôt que quelqu'un parle à travers cet objet. Et ce qu'il dit est plutôt intéressant. • • • - Si tu connais une Adrianne, passe toi la main dans les cheveux, et cache l'appareil avec. J'en connais une, connaissais du moins. Et comme tout le monde le sait, je ne risque rien à le montrer. J'ébouriffe mes cheveux, plaçant une grosse mèche devant la chose parlante. La voix reprend aussitôt, plus doucement. Donc celui qui parle me voit. - Et as-tu remarqué quelque chose d'étrange ? Si oui, serre brièvement le poing. Là, je prends le temps de réfléchir. C'est peut-être un piège. Je ne connais pas mon interlocuteur. Mais lui a l'air de me connaitre et peut-être sait-il que les ondes n'ont aucun effet sur moi. Non. C'et impossible que quiconque sache. Du moins, je l'espère fortement, sans quoi ma vie risque d'être bouleversée à jamais. En même temps, n'est-ce pas ce que je souhaite le plus, un bouleversement ? Alors je décide de tenter le tout pour le tout. Au pire, je dirai avoir voulu faire mon intéressante. Je serre la main à m'en faire blanchir les phalanges. Le contact reprend, plus bref que jamais. - Demain, à la sortie de l'étude, ici. Repose la radio sur le tapis. Puis l'appareil cesse tout bruit. Je le pose sur le tapis roulant, me demandant qui va le reprendre.
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